AEF INFO – 11/10/23 – Enseignement explicite, pédagogie différenciée… ce que prévoit le référentiel de formation de la FFDys.

Enseignement explicite, pédagogie différenciée… ce que prévoit le référentiel de formation de la FFDys.

Enseignement explicite, pédagogie différenciée… ce que prévoit le référentiel de formation de la FFDys.

« Sur la question de la formation des enseignants aux troubles dys, il y a encore un pas à franchir », estime Jean-Charles Ringard, président du comité scientifique de la Fédération Française des Dys, qui propose un référentiel de formation, paru le 11 septembre 2023. Le comité insiste sur une formation fondée sur un enseignement explicite et une pédagogie différenciée, garants d’une « accessibilité universelle des savoirs scolaires ». Une telle pédagogie est « utile à tous les élèves ». Autre priorité : l’articulation « école/santé ».

« Construire une école inclusive est avant tout un enjeu démocratique », déclare à AEF info Jean-Charles Ringard, président du comité scientifique de la FFDys, le 10 octobre 2023, Journée Nationale des Dys. Selon la fédération, qui regroupe cinq associations nationales, 7 millions de Français sont atteints de troubles dys, soit 10 % de la population.

Alors que la conférence nationale du handicap a fait ressortir, en avril dernier, 12 mesures pour l’Éducation nationale (lire sur AEF info), et que le sujet de la formation continue des enseignants fait à nouveau l’objet d’une réflexion (lire sur AEF info), ce comité propose des recommandations pour un référentiel de formation aux troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA (1)), à l’attention des médecins et des enseignants.

Ce travail « n’a ni la vocation ni la prétention de se substituer aux organismes de formation, mais il peut éclairer les concepteurs de formations », précise l’IGESR honoraire, également auteur d’un rapport sur la prise en charge des enfants dysphasiques et dyslexiques qui a conduit au tout premier plan national pour accompagner ces jeunes, en 2001.

UNE FORMATION VISANT A « UNE ACCESSIBILITÉ UNIVERSELLE AUX SAVOIRS

Premier constat du comité : « Si la formation des enseignants et des médecins ne peut à elle seule permettre de résoudre tous les problèmes engendrés par ces troubles, elle n’en demeure pas moins un enjeu et une condition essentiels et indispensables ». Car, pour les personnes présentant des troubles dys, « l’évolution de la recherche, des méthodes thérapeutiques, pédagogiques et éducatives et des pratiques professionnelles, exige désormais des formations initiales et continues spécifiques, sans cesse actualisées ». Or, remarque Jean-Charles Ringard, « sur cette question de la formation, il y a encore un pas à franchir ».

« Il faut rompre avec cette idée que, s’agissant des troubles dys, l’enseignant n’est pas capable de faire », estime-t-il. Et d’expliquer : « Il y a des pédagogies explicites qui, par leur nature, sont utiles à tous les élèves d’une classe, qu’ils soient ordinaires, en difficulté ou porteurs d’un trouble dys ». Un tel enseignement « vise une accessibilité universelle aux savoirs », estime le comité. Mais, pour cela, « il faut une formation adaptée ».

PÉDAGOGIE DIFFÉRENCIÉE ET ENSEIGNEMENT EXPLICITE

Ainsi, dans le premier degré, le comité scientifique de la Fédération française des dys propose d’organiser les contenus de formation autour d’au moins cinq thématiques :

  • affirmer ou réaffirmer des conceptions pédagogiques (reconnaître la capacité d’apprendre et de progresser de tout élève, caractériser une pédagogie explicite et des méthodes de différenciation pédagogique…),
  • connaître le fonctionnement cognitif (développement ou évolution standard du langage oral et écrit, savoir identifier les fonctions cognitives impliquées…),
  • évaluer les compétences et identifier les besoins à maîtriser (appréhender les diverses raisons d’échouer à une tâche et les relier au profil cognitif de l’élève…),
  • apporter des réponses pédagogiques adaptées pour répondre aux besoins des élèves,
  • connaître l’écosystème des professionnels ressources (2) de l’Éducation nationale des autres professionnels de santé.

Le comité propose aussi des éléments de contenu de formation « pour les enseignants ressources, experts en TSLA, et les membres des services de l’école inclusive ». Cette formation complémentaire a « un double objectif », explique le comité : permettre à ceux qui en auront bénéficié d’accompagner des enseignants chargés de classe, qui pourront ainsi « élever leur niveau d’expertise pédagogique et contribuer à consolider leurs compétences », mais aussi « intervenir auprès d’élèves présentant des troubles importants, pour lesquels les actions du professeur de la classe n’atteignent pas les objectifs escomptés ».

Cette formation devrait viser à constituer un appui à l’exercice de la mission de l’AESH et aider à la mise en place de repérage. Elle s’articulerait autour de « trois principaux éléments » :

  • l’approfondissement des connaissances relatives aux TSLA,
  • les différentes modalités de leur intervention concernant les élèves dys,
  • un approfondissement à connotation didactique.

« L’ARTICULATION ECOLE/SANTÉ EST UNE PRIORITÉ »

Autre point sur lequel le comité insiste : ces formations doivent être intercatégorielles. « Il faut décloisonner les ministères », affirme Jean-Charles Ringard. Et bien que le comité présente une proposition spécifique à la formation des enseignants et une spécifique à celle des médecins, il érige en « priorité » l’articulation école/santé, du national au local : c’est sa « proposition conclusive majeure », insiste-t-il.

Des « points de jonction visant à consolider une connaissance mutuelle des pratiques et à créer les conditions d’une coopération professionnelle sont clairement indiqués », poursuit le comité, qui encourage ainsi à favoriser et développer la co-conception et la co-intervention entre enseignants et professionnels de santé.

Dès lors, « l’enseignant doit savoir travailler avec les professionnels de santé que sont l’orthophoniste, le psychomotricien, l’ergothérapeute ou le psychologue », conseille le comité. Ce travail en commun doit « faciliter les co-interventions au sein ou en dehors de la classe dans une logique de projet de scolarité articulé avec un projet de soin ».

« Il ne faut plus raisonner en termes de handicap, mais en termes d’accès et d’exercices des droits : c’est un changement de paradigme », conclut Jean-Charles Ringard, alors que le comité scientifique suggère à la fédération de lancer un deuxième plan national pour accompagner les jeunes porteurs de troubles spécifiques du langage, plus de dix ans après le premier.

La stratégie nationale autisme et troubles du neuro-développement

Les TND regroupent :
• le trouble du développement intellectuel (TDI, déficience intellectuelle),
• le trouble du spectre de l’autisme (TSA, autisme),
• le trouble du développement du langage oral (TDL, dysphasie) ou de la coordination (TDC, dyspraxie),
• le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH),
• les troubles spécifiques des apprentissages scolaires (dyslexie, dysorthographie, dyscalculie…)

Dans le cadre de la poursuite de la stratégie nationale autisme et troubles du neuro-développement, 37 unités d’enseignement maternelle autisme (UEMA) ont été ouvertes à la rentrée 2023, ainsi que 44 unités d’enseignement élémentaire autisme (UEEA). 25 postes de professeurs ressources troubles du neurodéveloppement (TND) ont aussi été créés, qui s’ajoutent aux 101 professeurs ressources troubles du spectre de l’autisme (TSA) déjà présents dans les départements.

(1) Dysphasie, dyspraxie, dyscalculie, dyslexie.

(2) « Il s’agit d’enseignants titulaires du CAPPEI (certificat d’aptitude professionnelle aux pratiques de l’éducation inclusive) (1er ou 2nd degré). Selon leur formation, leur niveau d’expertise et les besoins des pôles, ils peuvent intervenir sur une ou plusieurs catégories de troubles dont les troubles spécifiques du langage et des apprentissages ». (FFdys)

Cliquer ICI pour lire cet article sur le site d’AEF Info.

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Publié AEF info • Dépêche n° 700611  • Par Elise Le Berre

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