Jean-Marc Laurent, ancienne figure du petit écran, met sa passion pour la radio au service des Dys – Sud Ouest

« Margot va s’en sortir, je le sais » : ancienne figure de la télé, il a changé de vie pour sa fille.

Margot et son père Jean-Marc Laurent en 2022 à l’hôtel Ibis-Saint-Jean, quai de Paludate, à Bordeaux où ont lieu les ateliers webradios pour personnes dys © Crédit photo : Collection personnelle Jean-Marc Laurent Par Olivier Darrioumerle

Margot et son père Jean-Marc Laurent en 2022 à l’hôtel Ibis-Saint-Jean, quai de Paludate, à Bordeaux où ont lieu les ateliers webradios pour personnes dys © Crédit photo : Collection personnelle Jean-Marc Laurent – Par Olivier Darrioumerl.

Dans l’Entre-deux-Mers, Jean-Marc Laurent, ancienne figure du petit écran, met sa passion pour la radio au service de personnes ayant le même handicap que sa fille

Sur les coteaux de l’Entre-deux-Mers, avec vue sur Bordeaux, une maison, intérieur noir et blanc, diffuse une musique zen. Dans un coin du salon, le Rodecaster (studio de production intégré) patiente à côté du casque et du micro. Jean-Marc Laurent n’a jamais fait le deuil de son métier. Parisien hyperactif, vedette éphémère d’une vie décousue, il a traversé le paysage audiovisuel comme une comète avant de se poser en bord de Garonne. « Pour Margot, ce serait bien, Bordeaux. » Sa fille est diagnostiquée multi-dys.

« J’ai mis cinq ans pour lui apprendre à faire de la balançoire »

Jean-Marc Laurent trouve en Gironde ce qu’il espérait : une classe Ulis au collège du Mirail. Le matin, avec les autres élèves. L’après-midi, elle joue aux échecs, s’essaye au patin à roulettes. « Cinq ans pour lui apprendre à faire de la balançoire. Cinq ans pour lui faire comprendre que les jambes servent à avancer. » Jean-Marc Laurent en a souffert, puis se confronte au problème. Il se met à en parler dans les écoles et les associations, à aider les gens comme Margot, en organisant une webradio avec son matériel professionnel. Tout cela, c’est la deuxième partie de sa vie.

NRJ, TF1 et Antenne 2

Durant la première partie, Jean-Marc Laurent voulait ressembler à Michel Drucker. Il se souvient de lui, jeune, lorsqu’il n’avait peur de rien, qu’il voyait la vie en rose. À l’âge de 18 ans, pas question d’être ingénieur ou médecin, il veut être animateur radio. Son père lui répond : « C’est un métier de saltimbanque », Jean-Marc Laurent n’en démord pas. À côté de chez lui, aux Buttes-Chaumont, dans le 19e arrondissement, plusieurs « radios libres » démarraient : NRJ, Carbone 14, Fréquence Gay. En 1981, le président Mitterrand libéralisait les ondes. Le studio mythique de NRJ était rue du Télégraphe.

Jean Marc Laurent sur la scène d’un concert de gala avec Guy Lux Collection personnelle Jean-Marc Laurent

Jean Marc Laurent sur la scène d’un concert de gala avec Guy Lux Collection personnelle Jean-Marc Laurent

NRJ fête ses deux ans d’existence avec Jean-Marc Laurent, à gauche, derrière Dalida Collection personnelle Jean-Marc Laurent

NRJ fête ses deux ans d’existence avec Jean-Marc Laurent, à gauche, derrière Dalida Collection personnelle Jean-Marc Laurent

« Une chance », se dit Jean-Marc Laurent, qui frappe à leur porte, prétendant être GO (« gentils organisateurs ») au Club Med, comme la troupe du Splendid. « Comment ont-ils pu croire à ce gros mensonge? » Jean-Marc Laurent anime la nuit, le temps de s’habituer au micro. Puis la tranche du matin, frais et dispos, pendant trois ans. « Tout s’ouvrait quand on venait de NRJ. Qu’est-ce que ça devait être quand on s’appelait Michel Drucker! »

Jean-Marc Laurent quitte NRJ dans l’espoir de devenir journaliste. À 23 ans, il passe le casting du jeu du « Tapis vert » avec succès. Puis, très vite, il se voit confier les tirages du loto sur TF1. Il gagne très bien sa vie et part régulièrement se prélasser aux Antilles. Les gens le reconnaissent dans la rue. C’est le début de la notoriété. Il enchaîne avec « Matin bonheur » sur Antenne 2. Mais, Jean-Marc Laurent n’est pas en phase : les gens sont moins intéressés par lui que par son image. « Je voulais savoir qui j’étais », explique-t-il.

L’adieu aux médias

Par peur des étiquettes, cultivant toujours le rêve de devenir journaliste, il retourne en enfance dans l’île de Madagascar, où tout petit garçon il a vécu de belles années. Jean-Marc Laurent monte là-bas une entreprise de cartes postales et rencontre Anita. Il rentre à Paris avec sa jeune épouse. Il retrouve un poste d’adjoint dans le groupe TF1 lorsqu’une crise d’épilepsie lui révèle l’existence d’un parasite attrapé à Madagascar. Un médecin lui prescrit de la Dépakine, matin, midi et soir. Incapable de visionner des documentaires toute la journée, Jean-Marc Laurent négocie son départ. Une nouvelle cassure survient. Sa deuxième fille, Margot, née en 2009, va contraindre Jean-Marc Laurent à rompre, cette fois définitivement, avec sa carrière d’homme de médias, qui se poursuivait alors dans la brigade de France Bleu.

Avec des lunettes de soleil, en 1972, sur une plage de Madagascar où il a grandi Collection personnelle Jean-Marc Laurent

Avec des lunettes de soleil, en 1972, sur une plage de Madagascar où il a grandi Collection personnelle Jean-Marc Laurent

En 2014, il découvre que sa seconde fille est maladroite, brusque. Elle ne parle pas, ne dessine pas comme les autres. L’institutrice note un décalage. Les médecins diagnostiquent un multi-dys. Jean-Marc Laurent ne veut pas voir les handicaps, très justement qualifiés d’ »invisibles ». Sa femme l’encourage. « Handicapée toute sa vie? » Il refuse d’y croire. Des spécialistes approfondissent le diagnostic : Margot ne se repère pas dans l’espace. « Ce sera définitif? » Les questions se multiplient. Est-ce génétique? héréditaire? Le scandale sanitaire de la Dépakine venait de montrer que son antiépileptique, pris par des milliers de femmes pendant leur grossesse, est à l’origine de troubles neurologiques et physiques chez leurs enfants. Un généticien basé à Rennes lance des recherches sur une éventuelle transmission masculine. L’état actuel des connaissances n’établit aucun lien entre la Dépakine et sa fille.

Jean-Marc Laurent se lance dans une formation de coach en prise de parole et pose un micro sur une table. Il demande à sa fille d’articuler. Le mot qui sort de sa bouche n’est pas celui qui tourne dans sa tête. Margot répète des dizaines de fois. Elle progresse et se rend compte de ses erreurs. Jean-Marc Laurent découvre qu’elle a retrouvé une forme d’estime de soi. « Si ça marche pour elle, ça devrait marcher pour les autres. » Le père de Margot propose des ateliers radio à la Fédération française des Dys (FFDys), qui le met en lien avec AAD (Association avenir dysphasie) et Olivier Bobet, le directeur de l’hôtel Ibis, quais de Paludate, à Bordeaux. Jean-Marc Laurent installe ses micros dans le réfectoire de l’hôtel, le samedi, de 13 heures à 16 heures.

Fabrice, 34 ans, ne sait pas utiliser une agrafeuse, mais il adore le karaté : Jean-Marc Laurent lui consacre une interview, avec le vouvoiement de rigueur, comme à la radio. Les jeunes dys font chacun leur émission de webradio, tentent de corriger leurs erreurs. Ravis de se réécouter, ils reprennent confiance.

De son côté, Jean-Marc Laurent reprend espoir en les voyant contourner leurs problèmes. « Margot va s’en sortir, je le sais. Je serai tranquille le jour où je la verrai prendre le bus seule, en sachant où elle va. »

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07/04/2023Sud Ouest
« Margot va s’en sortir, je le sais » : ancienne figure de la télé, il a changé de vie pour sa fille
Par Olivier Darrioumerle

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• Podcast Interview entre Martine Rousseau, Présidente de l’Association avenir dysphasie France et Jean-Marc Laurent, journaliste et consultant en prise de parole.
Sujet : atelier webradio mis en place sur l’année pour les enfants Dys et particulièrement dysphasiques.

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• Podcast 4 jeunes dysphasiques.
Témoignages recueillis lors de web ateliers organisés en Gironde et réalisés par Jean-Marc Laurent.
Il s’agit de témoignages sur la parcours scolaire et dans l’emploi.

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