Éducation, le dernier rapport d’inspection sur l’école inclusive fait réagir deux associations – Hospimedia
Emmanuelle Deleplace, publié le 13 janvier 2023
Éducation
« Le dernier rapport d’inspection sur l’école inclusive fait réagir deux associations »
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Si elles s’accordent sur la nécessité de mieux former et de réfléchir à l’articulation entre compensation et accessibilité, la Fnaseph et la FFDys regrettent que le rapport d’inspection sur l’école inclusive porte une vision dépassée du handicap.
En décembre dernier, à l’occasion de la réunion du comité national de suivi de l’école inclusive, le Gouvernement a mis en ligne un rapport conjoint de l’Inspection générale des finances (IGF) et de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) sur la scolarisation des enfants en situation de handicap (lire notre article). En ce début d’année, la Fédération nationale au service des enfants en situation de handicap (Fnaseph) et la Fédération française des Dys (FFDys) reviennent dans des notes respectives sur les différentes propositions, en approuvant certaines mais en rejetant catégoriquement d’autres.
Ne pas limiter l’inclusion scolaire à l’attribution d’AESH
« Un nouveau rapport centré principalement sur les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) ne fera pas l’école inclusive. Nous affirmons qu’il convient d’avoir une approche systémique globale et activer tous les leviers en même temps. N’appuyer que sur le levier de l’aide humaine ne produira rien », explique la Fnaseph dans ses conclusions. Pour justifier cette option, la mission d’inspection a relevé que, pour les élèves, le recours à l’aide humaine est devenu le principal moyen de compensation du handicap. Une assertion contre laquelle la FFDys, s’inscrit en faux en s’appuyant sur le baromètre des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) qui révèle que les trois quarts des demandes concernent l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) et le parcours scolaire et de formation des enfants en situation de handicap. « Par ailleurs, les montants attribués par la prestation de compensation du handicap (PCH), montrent que les dépenses concernent principalement l’aménagement des logements », rappelle la FFDys.
Ce qui interroge également les associations, c’est la définition même du handicap et des orientations des élèves retenues par le rapport. Les inspecteurs estiment que « l’articulation encore insuffisante entre le médico-social et l’Éducation nationale conduit à scolariser au sein du milieu ordinaire des enfants dont la nature de l’altération devrait pourtant conduire à les orienter vers des établissements et services spécialisés ». La Fnaseph juge discriminatoire « de concevoir une logique d’orientation pensée comme un changement de direction, assimilé à de l’exclusion, voire de la ségrégation, au titre de la nature de l’altération d’un enfant ».
Repenser la place du médico-social à l’école
La fédération juge qu’il faut, au contraire, accélérer la transformation de l’offre pour organiser et renforcer les accompagnements médico-sociaux adaptés au cœur même de l’école. « Pour autant, il est raisonnable de penser que pour les situations les plus sévères, complexes mais aussi les plus rares, des temps et des espaces spécifiques peuvent aussi être aménagés séquentiellement en dehors de l’école, avec des professionnels spécialistes mobilisés », ajoute-t-elle. Elle souhaite « un déplacement du centre de gravité » prenant appui à la fois sur les équipes mobiles d’appui à la scolarisation (Emas) et la compensation individuelle compensation individuelle par le recours à des accompagnements personnalisés médico-sociaux et libéraux.
La FFDys estime pour sa part que la vision du handicap portée par le rapport est préoccupante et en contradiction avec la loi et les derniers plans gouvernementaux dont la stratégie autisme et troubles du neurodéveloppement (TND). Le rapport insinue en effet que la notion de handicap est devenue très plastique notamment au niveau des troubles intellectuels ou cognitifs. La fédération rappelle que les troubles spécifiques du langage et des apprentissages, dits troubles Dys, ainsi que les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) sont des handicaps, reconnus comme tels depuis 2005 et qui sont durables dans le temps. « Il apparaît donc, que les commentaires de la mission constituent une régression au regard du plan langage de 2001 et de la loi du 11 février 2005 », analyse la FFDys.
Articulation entre compensation et accessibilité
Sur l’utilisation, jugée trop limitée, du matériel pédagogique, la FFDys précise que dans le système scolaire français un accompagnement à la prise en main est très rarement proposé. « Quand c’est le cas, cette aide est apportée en dehors de l’établissement et est prise en charge principalement par les familles, ce qui pourrait expliquer que le principal motif de demande de compensation soit l’aide humaine », explique-t-elle. La FFDys ajoute par ailleurs qu’un grand nombre d’élèves Dys relèvent d’un plan d’accompagnement personnalisé (PAP) et ne font pas de demandes de reconnaissance et d’aide à la MDPH.
La Fnaseph adhère à la proposition d' »engager en début de quinquennat une concertation sur l’articulation entre compensation et accessibilité dans la prise en charge du handicap à l’école » et espère que le prochain Conseil national du handicap (CNH) « permette enfin que l’ensemble des acteurs concernés puissent échanger ensemble pour valider une évolution forte du dispositif actuel ». Elle rappelle sa proposition toujours d’actualité de développement de postes d’agents d’accessibilité (lire notre article).
Développer la formation
Les deux associations s’opposent à la proposition de modification du Code de l’éducation afin que la notification des MDPH ne précise plus le caractère individualisé ou mutualisé, ni la quotité de l’accompagnement humain mais appellent plutôt au renforcement des moyens des MDPH pour mieux préparer les guides d’évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation (Gevasco). Mais elles approuvent, toutes deux, la proposition du développement d’une « offre de formation continue répondant de façon réactive à l’échelle locale aux besoins des équipes de terrain » et souhaitent même que ces formations deviennent obligatoires. La Fnaseph insiste sur la pertinence des formations croisées avec le médico-social.
Emmanuelle Deleplace
Cliquer ICI pour télécharger le Communiqué de presse FFDys du 3 janvier 2023:
« La scolarisation des élèves en situation de handicap (ESH) : aller plus loin »
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