Écriture inclusive et dyslexie: l’avis de la FFDys
L’écriture inclusive, de quoi parle-t-on ?
« L’écriture inclusive désigne l’ensemble des attentions graphiques et syntaxiques permettant d’assurer une égalité des représentations entre les femmes et les hommes. » [1]
Parmi ces attentions, trois conventions sont retenues :
• Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres.
• Ne plus employer de figures de style pour remplacer le nom commun « Femme » et « Homme ».
• User du féminin et du masculin, que ce soit par l’énumération par ordre alphabétique, l’usage d’un point milieu, ou le recours aux termes épicènes [2]
Lecture et dyslexie
Parmi les trois conventions énoncées, la dernière est celle qui va certainement poser le plus de problèmes aux personnes « empêchées de lire » et notamment aux dyslexiques. En effet, pour les lecteurs débutants, qui n’ont pas automatisé la reconnaissance des mots, et pour lesquels le décodage explicite de chaque syllabe demande un effort considérable d’attention, la perturbation des repères orthographiques, avec l’insertion de ponctuation, va représenter une difficulté supplémentaire. En effet, comme l’explique Françoise Garcia, vice-présidente de la Fédération nationale des orthophonistes (FNO). « L’écriture inclusive ajoute de la confusion dans la conversion entre ce qu’on entend et ce qu’on écrit, le travail de « conversion grapho-phonétique » [3] étant une difficulté pour les dyslexiques. »
Ecriture inclusive et synthèse vocale
Parmi les moyens de compensation pour suppléer aux difficultés de lecture, les personnes empêchées de lire utilisent des logiciels de synthèse vocale. Ces outils s’appuient sur des techniques de traitement linguistique, notamment pour transformer le texte orthographique en une version phonétique. Il y aura donc une sonorisation de tous les signes, comme la ponctuation. Le fichier sonore joint de cette liste de pluriels, montre les limites de cet exercice (écouter le fichier audio ci-dessous) : départementaux·ales, locaux·ales, médicaux·ales, municipaux·ales, préfectoraux·ales, régionaux·ales, sociaux·ales, syndicaux·ales, territoriaux·ales.
Écouter le fichier « Lecture Inclusive »:
Prendre en compte les difficultés des jeunes souffrant de troubles spécifiques des apprentissages (TSLA) et accompagner l’évolution de la société
Peut-on conserver une langue qui rend les femmes invisibles et qui est la marque d’une société où elles joueraient un rôle secondaire parce que 5 à 10% de la population est concernée par la dyslexie?
Il faut peut-être commencer par mettre en place les deux premières recommandations pour une écriture inclusive:
• Accorder en genre les noms de fonctions, grades, métiers et titres.
• Ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme ».
et veiller à ne pas exposer les jeunes lecteurs à une écriture inclusive tant qu’ils n’ont pas automatisé la lecture:
• C’est-à-dire, pour tous les apprenants, pendant le premier cycle d’apprentissage de la lecture (fin de grande section de maternelle-CE1).
• Et pour les élèves « Dys », mettre en place des adaptations pédagogiques excluant l’écriture inclusive tant qu’ils seront des lecteurs précaires.
Sur le plan technique, il faudra aussi proposer l’évolution des applications de synthèses vocales.
Laetitia Branciard
Vice-Présidente FFDys • Octobre 2018
[1] Manuel d’écriture inclusive, P4 – http://www.ecriture-inclusive.fr/
[2] Le recours aux termes épicènes. Ce sont des termes dont la forme ne varie pas que l’on se réfère à un nom féminin ou masculin. Quelques exemples : artiste, cadre, membre.
[3] La Croix du 28/10/2017 Cliquer ICI pour consulter l’article en ligne.
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À voir également sur cette thématique, « Les DYS et l’écriture inclusive« , interview diffusé sur France 3 Auvergne Rhône Alpes le 23 juillet 2020. Avec les témoignages d’Alexandre, 19 ans, dyspraxique et Nicole Philibert (présidente de l’association AtoutDys).