Des dysfonctionnements méconnus – 20 Minutes


ENFANTS
La Journée nationale des Dys, qui se tient demain, met en lumière ces troubles cognitifs

20 Minutes • Vendredi 11 octobre 2019 – Par Charlotte Langlais

Trois lettres, une myriade de lectures. Les « Dys » désignent les troubles spécifiques du langage et des apprentis­sages (TSLA). En France, ils concerneraient près de 8 % des élèves d’une classe d’âge, selon la Haute Autorité de santé. Pourtant, ils restent encore méconnus ou mal pris en charge par la société. Qui dit « Dys » dit dysfonctionnement : « Il y a quelque chose qui dysfonctionne dans le cerveau; un domaine de compétence est défaillant mais le reste est préservé », explicite Luce Nocera, présidente de l’association Dyspraxie France Dys 13. Ainsi, la parole, le langage écrit, la coordination gestuelle ou  l’attention peuvent durablement être al­térés. « Ce sont des enfants et adultes intelligents, qui n’ont pas de pathologie neurologique ou psychiatrique », tient à rappeler la neuropédiatre Catherine Billard. Selon elle, les « Dys » sont trop mal connus et encore mal appréhendés. « En France, les professionnels formés aux TSLA sont trop peu nombreux », corrobore Nathalie Groh, présidente de la Fédération Française des Dys (FFDys). En milieu rural, certains centres référents ou cabinets d’orthophonie affichent jusqu’à dix-huit mois d’attente pour un rendez-vous. Sans parler de toutes les démarches administratives. Il existe également des réseaux de santé spécialisés, comme Résodys à Marseille. Animés par des médecins libéraux, ils constituent des sortes d’annuaires, trop inégalement répartis sur le territoire au goût de Nathalie Groh. Mais, pour que la prise en charge fonctionne, « il faut que les milieux scolaires et de la santé soient liés. L’un ne peut aller sans l’autre », estime la présidente de FFDys. Et là encore, le bât blesse. « Les enseignants devraient être davantage formés aux “dys”, pour détecter un possible trouble chez les élèves et les aider, estime Luce Nocera. Ce sont des maillons clés du repérage. » Pour ces associations, l’accompagnement des élèves « Dys » passe par un aménagement approprié de leurs examens, au-delà du traditionnel tiers-temps. « Il y a d’autres compensations, comme des ordinateurs équipés de correcteurs orthographiques spécifiques, développe Nathalie Groh. Mais il est très difficile de se faire entendre parce que certains ont peur de privilégier une population par rapport à une autre, de nuire à l’égalité des chances. » Une crainte qui relève peut-être d’un dysfonctionnement de fraternité.
Charlotte Langlais

« Il faut que les
milieux scolaires et de
la santé soient liés. »
Nathalie Groh, présidente de la
FFDys

Journée Nationale des Dys 12 octobre 2019
hôtel du département Marseille

PHASIE, LEXIE… LES DIFFÉRENTS « DYS »

Le plus connu des « Dys est certainement la dyslexie, qui va souvent de pair avec la dysorthographie. « Les enfants qui en sont atteints peuvent avoir une lecture laborieuse et être gênés dans la compréhension de ce qu’ils lisent », rapporte la neuropédiatre Catherine Billard. Dans le cas d’une dysphasie, c’est le langage oral qui fait défaut. Aussi bien la façon de s’exprimer que la réception de la parole. « Les personnes dysphasiques peuvent avoir du mal à trouver les bons mots et ont du mal à comprendre. Elles sont un peu comme des étrangers dans leur propre langue maternelle et doivent faire un effort permanent », illustre Luce Nocera, présidente de Dyspraxie France Dys 13. Dyspraxie vient du grec praxis, qui signifie « action ». Les individus touchés par ce dysfonctionnement sont « maladroits, au-delà de la norme, décrit Luce Nocera. Ils ne dessinent pas bien et écrivent mal. » Un « Dys » qui selon elle peut se détecter très tôt, dès la maternelle. « Ils ont également du mal à se repérer dans l’espace », ajoute Catherine Billard. Quant à la dyscalculie, elle entraîne un problème logico-mathématique: « Le nombre ne fait pas sens », remarque Luce Nocera. Et le calcul mental non plus. À noter que ces différentes difficul­tés sont souvent associées, comme le souligne la présidente de Dyspraxie France Dys 13 : « Les personnes sont rarement porteuses d’un trouble isolé. Quand on est dysphasique on devient dyslexique et cela complique le tableau. » C.L.

VERS QUI SE TOURNER EN CAS DE « DYS » ?

« Il y a trois types d’acteurs », commente Catherine Billard, présidente de l’Association pour la recherche sur les troubles des apprentissages (Arta). D’abord l’enseignant, qui peut détecter une anomalie, mais aussi les parents ou les grands-parents. Puis le médecin généraliste, qui effectue des examens pour écarter d’autres éventualités : problèmes de vision ou d’audition, autisme ou des troubles psychiatriques.

Des bilans complets
Enfin, selon la nature et la sévérité du « Dys », le médecin généraliste peut orienter la famille vers un ou plusieurs spécialistes, qui vont établir des bilans et un diagnostic complet. L’orthophoniste s’occupe du trouble du langage, oral ou écrit. « Mais très peu ont été formés aux connaissances actuelles sur la dyscalculie », nuance Catherine Billard. Le psychomotricien et l’ergothérapeute sont les référents en matière de dyspraxie. Tandis que « le neuropsychologue va pouvoir voir les points forts et faibles du jeune au niveau neurologique », ajoute Nathalie Groh, de la FFDys. Luce Nocera insiste sur l’importance de bilans complets : « Parfois, des professionnels ne renseignent pas suffisamment d’éléments déterminants pour construire un dossier, observe la présidente de l’association DFD 13. Trop de familles arrivent avec des bilans sans chiffres, ou bâclés. » Et donc biaisés. C.L.

 

20 Minutes • Vendredi 11 octobre 2019
« Des dysfonctionnements méconnus » par Charlotte Langlais

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JOURNÉE NATIONALE DES DYS 2019

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