15 octobre 2025 – Communiqué de presse – Aménagements aux examens session 2026 : un pas en avant, deux pas en arrière pour les Dys !
COMMUNIQUÉ DE PRESSE • 15 octobre 2025
Dans le bulletin officiel n° 31 du 21 août 2025, soit une semaine avant la rentrée des classes, le ministère de l’Éducation nationale publie une circulaire sur « les adaptations et aménagements des épreuves d’examen et de concours pour les candidats en situation de handicap » (MENE2506522C). Cette circulaire a pour objet d’actualiser et de remplacer les annexes de la circulaire du 14 mars 2022 . Ces textes entrent en application à compter de la session 2026 des examens et concours de l’enseignement scolaire. Dans « un esprit de simplification », la circulaire comporte 16 annexes : 1formulaire, pour chaque diplôme !
Ce texte n’ayant pas été présenté en amont à la commission « Éducation » du CNCPH, la FFDys a dû réaliser un comparatif entre les anciennes et les nouvelles versions des différentes annexes pour identifier les aménagements qui impacterons la scolarités des élèves Dys.
Parmi les nouveautés commençons par celles qui vont être favorables aux Dys :
- Un aménagement que la FFDys réclamait depuis longtemps, pour les élèves dyslexiques et dysphasiques, pour « neutraliser la lecture à voix haute pour l’épreuve orale de français ». Elle est proposée « uniquement pour les candidats bénéficiant de la communication par écrit pour les épreuves orales et pratiques. La neutralisation de la lecture ne remet pas en cause la répartition des points, le candidat pouvant indiquer par écrit la situation du texte choisi dans l’œuvre et dans le parcours associé ».

- La non-prise en compte de la qualité rédactionnelle et de l’orthographe dans la notation, pour le DNB, les CAP, comme pour les différents BAC ;
- Pour les aides humaines, apparaît l’assistance d’un AESH (7.8). Pour les élèves, avec notamment des difficultés de communication, avoir en appui le jour de l’examen une personne avec laquelle ils ont l’habitude de travailler, peut éviter le stress et la perte de temps pour trouver rapidement un fonctionnement commun.
- La réduction du nombre de textes pour l’épreuve de français au BAC
Cette adaptation existait, mais elle n’était pas présente dans les anciens formulaires, avec une case pour le nombre de textes. C’est l’enseignant de français qui doit déterminer le nombre de textes à prendre en compte.

D’autres aménagements, qui existaient dans les précédents textes et pour lesquels la FFDys s’était mobilisée, ont disparu ou ont été modifiés :
- Le grand oral du Bac
Le Bulletin officiel spécial n° 2 du 13 février 2020 proposait des aménagements spécifiques pour les troubles du langage oral (dysphasie) pour l’épreuve dite « Grand oral » de la classe de terminale de la voie générale à compter de la session 2021 de l’examen du baccalauréat (NOR : MENE2002780N Note de service n° 2020-036 du 11-2-2020 MENJ – DGESCO A2-1)
Parmi les adaptations qui étaient proposées :
« • fournir une transcription écrite (avec ou sans aide humaine) pour la présentation orale de la question et pour l’échange sur le projet d’orientation du candidat,
- répondre par écrits brefs (avec ou sans aide humaine) lors des échanges avec le jury,
- toute autre mesure favorisant les échanges avec le jury et conforme à la réglementation en vigueur.»
Ces aménagements sont remplacés, dans le formulaire acutel, par : 8.2.11– Transcription écrite pour le grand oral, sans doute dans un esprit de simplification !
- La dispense totale de langues vivantes pour le DNB n’existe plus
Dans les formulaires antérieurs, les élèves Dys pouvaient bénéficier de la dispense totale, de la composante «Comprendre, s’exprimer en utilisant une langue étrangère et, le cas échéant, une langue régionale» du domaine 1 «Les langages pour penser et communiquer». Aujourd’hui seuls les élèves passant le certificat de formation générale (CFG) ou les candidats individuels peuvent bénéficier de cet aménagement.
« Les candidats scolaires du diplôme national du brevet présentant un trouble auditif, du langage écrit, du langage oral, de la parole ou de l’automatisation du langage écrit peuvent être dispensés, dans le cadre du contrôle continu, de l’évaluation de la deuxième langue vivante étrangère ou régionale.
- Le contrôle continu
En cas de dispense, l’évaluation au titre du contrôle continu de la discipline dispensée est neutralisée. La part du contrôle continu est alors calculée sur la base des seules disciplines effectivement évaluées.
Cet aménagement pourrait être adapté pour des élèves en situation de handicap s’il n’était complété par le texte suivant : « La neutralisation de l’évaluation au titre du contrôle continu ne crée aucun droit à bénéficier d’une dispense de l’épreuve terminale correspondante. »
- La conservation des notes pendant 5 ans
Dans les anciens formulaires du DNB, existait une rubrique « ÉTALEMENT D’ÉPREUVES OU CONSERVATION DE NOTES » c’est toujours le cas, mais le point
11 – Conservation des notes (MH609)
Épreuves déjà passées dont vous demandez la conservation des notes sur 5 ans (préciser les épreuves concernées et fournir les relevés de notes) : n’existe plus.
En conclusion, pour les élèves présentant des troubles spécifiques du développement du langage oral et du langage écrit, ces nouveaux textes présentent des aménagements espérés depuis longtemps, comme « la non-prise en compte de la qualité rédactionnelle et de l’orthographe » et la « neutralisation de la lecture des textes à voix haute » pour le bac de français. Cependant, les modifications des textes existants, revenant sur des acquis obtenus de haute lutte, comme l’adaptation du « grand oral du bac » pour les dysphasiques ou la dispense totale de langue vivante pour les élèves dyslexiques et dysphasiques dans le cadre du DNB, seront très impactantes pour des élèves qui éprouvent des difficultés dans les domaines de la phonologie, de la discrimination auditive, de la mémorisation et de la réactivation du vocabulaire et de la syntaxe.
La Fédération Française des Dys (FFDys) souhaite aussi alerter le ministère de l’Éducation nationale sur deux points :
- sur la modalité d’évaluation par le contrôle continu. Ce dernier, qui représente désormais 40 % de la note finale du DNB et du BAC, pourrait représenter une chance pour les élèves en situation de handicap, comme pour tous les autres élèves, car il permet une évaluation plus régulière et moins stressante que les examens finaux. Toutefois pour que cette évaluation soit équitable, il faudrait que les élèves en situation de handicap puissent bénéficier des aménagements aux examens pour ces évaluations dès la rentrée scolaire. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas. En effet, même si les demandes d’aménagements étaient adressées aux centres d’examen par les établissements en année N-1 par rapport à la date de l’examen, soit en 4e et en 2e , (ce qui est rarement le cas), les avis validant ces aménagements ne parviennent souvent pas avant le dernier trimestre de l’année scolaire et par conséquent ne sont pas mis en place au cours de l’année.
- Depuis la parution de la circulaire (MENE2506522C), de nombreuses familles, dont les enfants sont scolarisés en 3e dans la voie générale, en région parisienne et dans d’autres académies nous informent qu’on leur propose que leur enfant passe le CFG à la place du DNB, vu sa situation de handicap. Dans quelques cas, heureusement minoritaires, la baisse de la moyenne de l’établissement au DNB a été évoquée, comme une préoccupation …
- Pour que les élèves puissent bénéficier de la procédure simplifiée de demande d’aménagements aux examens, ils doivent avoir un PAP ou un PPS. Aujourd’hui, le manque de médecins scolaires sur le territoire bloque la mise en place des dispositifs PAP et les empêche d’avoir des aménagements pédagogiques et des adaptations à l’examen. De même, rédiger un dossier pour un PPS s’avère parfois compliqué à mettre en œuvre, notamment à cause des délais et des coûts importants pour réaliser des bilans.
Dans l’esprit de la loi de 2005 et de l’école inclusive, qui prévoit de modifier l’environnement, la loi propose des aménagements pour compenser les difficultés des élèves en situation de handicap. La FFDys préfère penser que toutes les personnes en charge de la rédaction des textes règlementaires sur les examens vont prendre en compte les modifications nécessaires pour que ces aménagements soient adaptés pour les élèves concernés plutôt que de proposer des examens qui les disqualifieraient ou qui ne seraient pas de leur niveau scolaire.

