Position de la FFDys sur les besoins d’accompagnement des enfants dys
La FFDys rappelle qu’elle est une fédération de parents d’enfants dys : ses préoccupations sont celles des enfants qu’elle représente. L’accompagnement scolaire est au cœur de ses préoccupations, puisqu’on regroupe sous le terme dys des personnes présentant des troubles cognitifs spécifiques ou troubles spécifiques des apprentissages. La dimension scolaire est ainsi très importante. Les enfants dys seraient de 1 à 2 par classe en moyenne. La FFDys affirme que la scolarisation de l’enfant en situation de handicap ne peut pas s’approcher par le seul prisme des AVS, mais au contraire à travers un ensemble d’aménagements touchant à l’évaluation des besoins, la formation des enseignants, l’amélioration de l’accessibilité de l’école et – last, but not least – la mise en place d’un statut approprié pour les accompagnants.
Evaluation des besoins des enfants
La FFDys redit que l’enfant est au centre de la problématique de l’accompagnement et que la première étape de la réflexion doit tenir compte de l’enfant. Pour cela, il faut bien sûr une vraie évaluation de ses besoins. Celle-ci est de la responsabilité de la MDPH et plus précisément de l’équipe pluridisciplinaire. Celle-ci doit accueillir toutes les compétences nécessaires à une évaluation très fine des différents besoins, qu’il s’agisse d’accessibilité ou de compensation. La FFDys demande que les différents types de besoins soient recensés au sein d’une liste de référence par un groupe de travail composé des associations, d’experts, de la CNSA ….
La première condition à la réussite de la scolarisation d’un enfant dys commence par l’établissement du diagnostic et la reconnaissance de son handicap : la FFDys pense que l’école doit être au cœur du dispositif de repérage des enfants dys, préalable au diagnostic, et demande que cette mission soit explicitée.
Formation des enseignants
L’inclusion de l’enfant dys à l’école ordinaire commence par une meilleure réponse des enseignants à ses besoins particuliers.
La FFDys demande que la formation soit renforcée et améliorée, et pour cela :
– Que tous les enseignants soient formés au handicap et que la formation aux troubles dys y soit clairement identifiée. Elle soutient l’idée que la scolarisation des enfants en situation de handicap doit être intégrée dans le concours d’accès au métier d’enseignant.
– Que tous les enseignants concernés puissent suivre à la rentrée, et en fonction du handicap de l’enfant accueilli en classe, une courte formation.
– Qu’une formation d’enseignant spécialisé sur les troubles dys soit mise en place (et dans la continuité, la création de CLIS et ULIS spécialement adaptées aux enfants dys).
Amélioration de l’accessibilité de l’école
La réponse aux besoins de scolarisation de ces enfants ne peut se résumer à un accompagnement individuel. Aussi la FFDys adhère au rapport du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées sur la nécessité de rendre l’école plus accessible.
L’enseignant n’étant pas le seul acteur permettant l’inclusion effective de l’enfant au sein de l’école ordinaire, les autres personnes ressources doivent également être formées et leur nombre adapté aux besoins.
Les personnes ressources doivent être mieux organisées et la FFDys adhère à l’idée du développement d’agents pour l’inclusion scolaire. En effet, la mise en place de tels agents présenterait un double avantage :
– L’amélioration de la prévention du handicap : de nombreux enfants dys pourraient ne pas relever de la MDPH s’ils bénéficiaient de moyens adaptés. Les PAI montrent dans certains cas leur limite : en l’absence de réponse adaptée, les enfants se retrouvent en situation de handicap, ce qui aurait pu être évité en intervenant de façon plus appropriée et plus précoce.
– Une meilleure réactivité dans la réponse à apporter aux enfants.
L’accessibilité de l’école ne concerne pas seulement l’accès au cadre bâti : l’accès aux apprentissages est au cœur des préoccupations de la FFDys. Son amélioration nécessite d’adapter de façon cohérente la pédagogie, le contrôle des connaissances et les examens, et le matériel et les supports pédagogiques mis à disposition des enfants. La FFDys propose la mise en place d’un groupe de travail dont la mission serait d’organiser l’adaptation des matériels et des supports pédagogiques, en particulier à travers leur mise disposition sous forme électronique ; cela concerne non seulement les manuels scolaires adaptés, mais aussi tous les supports en usage à l’école : supports de cours, devoirs à la maison, livres étudiés en classe … (Nota : avancer dans ce domaine nécessitera sans doute une révision de la loi sur les droits d’auteur qui apparaît régulièrement comme un point de blocage des initiatives).
Une fois cette accessibilité effective, certains enfants ont toujours besoin d’un accompagnement individuel : aide à la reformulation (consignes, cours, …), à la mémorisation, au repérage dans l’espace, à la prise de notes, à l’organisation du travail, à la compensation de la fatigabilité et de la double tâche… L’identification des réponses appropriées nécessite une évaluation précise des besoins de chaque enfant.
Quel statut pour les accompagnants ?
Il y a lieu de distinguer les besoins en accompagnement scolaire, destinés à permettre et/ou faciliter l’accès aux apprentissages, des autres accompagnements.
Accompagnement scolaire
Les accompagnants en milieu scolaire (y compris l’aide aux devoirs) doivent être formés :
à tous les handicaps, à l’accès aux apprentissages différenciés aux différents âges de l’enfant (préélémentaire, primaire, collège, lycée).
La formation professionnelle de ces personnels est la condition nécessaire à l’efficacité des réponses apportées. Cette formation doit se décomposer, comme celle des enseignants, en formation initiale et formation continue, formation complémentaire en fonction de l’enfant accueilli. La FFDys demande la définition d’un véritable métier avec prise en compte de débouchés et de plans de carrière, des conditions d’exercice décentes pour garantir la qualité des personnels recrutés.
Accompagnement extra-scolaire
La FFDys demande que l’accompagnement scolaire de l’enfant puisse être complété, lorsque c’est nécessaire, par un accompagnement extra-scolaire. La FFDys pense qu’il n’est pas nécessaire que l’enfant soit accompagné par la même personne à l’école et dans les autres lieux de vie. Cela dépend toutefois de la nature même du besoin d’accompagnement: certains auront besoin d’accompagnement pour répondre à des besoins scolaires uniquement alors que d’autres auront des besoins identiques à l’école et en dehors de l’école (ex : aide à la communication pour un enfant dysphasique). Les professionnels du médico-social ont toute leur place pour former et accompagner ces accompagnants. Toutefois, la FFDys rappelle que peu d’enfants sont suivis par des SESSAD puisque peu de SESSAD dys existent à ce jour. Ces SESSAD devront être développés. Cette mission devrait être intégrée dans la réflexion en cours sur la réforme des annexes 24. Une meilleure évaluation des besoins de l’enfant, un PPS plus finement élaboré, la mise en place de conventions entre le médico-social et l’éducation nationale, et la coordination des acteurs autour de l’enfant permettra de faire le lien entre les interventions scolaires et extra-scolaires.
Tous les besoins d’accompagnement ne sont pas couverts par ces réflexions. A titre d’exemple, on peut citer les besoins suivants :
– Accompagnement pour se rendre chez un professionnel libéral, pour des enfants non accompagnés par des services médico-sociaux.
– Adaptation de l’apprentissage d’une langue vivante étrangère, pour lequel aucune réponse spécifique n’existe à ce jour pour les enfants dys (orthophoniste spécialisé ? enseignant formé spécifiquement ?)
– Tutorat pour la recherche de stage, accompagnement vers l’emploi
Cadre d’emploi
La FFDys recommande un cadre d’emploi dans un GIP départemental, dont l’Education Nationale serait le financeur privilégié : cela constituerait la solution la plus adaptée aux différents besoins en accompagnement de l’enfant (agents d’inclusion scolaire, accompagnements individuels à l’école, accompagnants sur le temps extra-scolaire).
Ce cadre d’emploi permettrait :
– Pour la collectivité, l’optimisation et le meilleur suivi des moyens alloués, à travers une gestion centralisée des agents d’inclusion scolaire et des accompagnants individuels. Cela entraînerait mécaniquement une accélération de l’amélioration de l’accessibilité scolaire (accessibilité aux apprentissages)
– Pour les personnels, l’évolution d’un emploi à un autre et l’augmentation du champ des compétences, tout en restant dans le même cadre d’emploi.
– Pour les enfants et leurs parents, de répondre plus simplement à leurs besoins, en facilitant la mise en place de professionnels intervenant auprès de leur enfant.
– Pour les associations, la reconnaissance et la mobilisation de leurs compétences : signatures de conventions avec les services médico-sociaux.
– Pour l’ensemble des parties prenantes, la garantie d’une égalité de traitement sur les territoires, de l’indépendance vis-à-vis du type de handicap accompagné, et du respect du choix de scolarisation (école publique/privée sous contrat).