L’Express – Enquête sur les lunettes anti-dyslexie Lexilens Atol

 

Enquête sur les montures Lexilens et les lampes Lili d’Atol qui séduisent par leurs promesses mais qui, derrière un marketing agressif et des témoignages enthousiastes, cachent une réalité bien différente…

Découvrez l’article de l’Express publié le 03/05/2025 écrit par Victor Garcia, Journaliste sciences L’EXPRESS 

Atol, les fausses promesses des lunettes anti-dyslexie : études enterrées, menaces et condamnations scientifiques 

Extraits :

« Les lunettes Lexilens d’Atol prétendent améliorer la lecture des dyslexiques grâce à une technologie basée sur la lumière pulsée. Malgré des témoignages enthousiastes et une communication agressive, leur efficacité n’est pas scientifiquement prouvée. L’étude fondatrice de 2017 a été critiquée pour son manque de rigueur et ses conclusions non vérifiables. Deux études indépendantes récentes n’ont constaté aucun effet significatif. »

« … Il existe néanmoins plusieurs problèmes de taille. Le premier est que ces travaux ont été unanimement dénoncés par les scientifiques qui s’y sont intéressés, comme Franck Ramus ou la chasseuse de fraude scientifique Elisabeth Bik. En 2021, le Conseil scientifique de l’éducation nationale a même rédigé une note déconseillant « la diffusion de ces dispositifs au sein de l’Education nationale ». Et en 2023, Proceedings of the royal society a ajouté à l’étude des chercheurs rennais un commentaire rédigé par trois détectives scientifiques – Florian Naudet, Mark Seidenberg et Dorothy Bishop – qui détaillent toutes les critiques. On ne sait par exemple pas si les participants sont réellement dyslexiques, puisque les auteurs n’ont produit aucun diagnostic ou bilan ophtalmologique. Et s’ils affirment que la lumière pulsée permet aux dyslexiques d’améliorer leur niveau de lecture, ils ne présentent aucun résultat de tests. « Cette étude est très problématique […], il n’est pas justifié de la citer pour soutenir la publicité de dispositifs commerciaux destinés à remédier à la dyslexie », concluent-ils. « 

« Les essais cliniques financés par Atol ou d’autres entreprises n’ont jamais été publiés, malgré des engagements légaux, suggérant des résultats négatifs. Atol continue toutefois de promouvoir ses lunettes via des sondages non scientifiques. »

« La FFDys, dans une enquête, dénonce l’investissement d’argent public dans ces dispositifs sans avis scientifiques préalables. Elle s’inquiète de l’ampleur du phénomène et a alerté les autorités. »

« Méthodes marketing agressives

Malgré l’absence de preuves scientifiques, les fabricants multiplient les partenariats stratégiques avec les institutions publiques, comme l’atteste une enquête communiquée à L’Express par la Fédération française des dyslexiques (FFDYS), qui regroupe les associations qui œuvrent pour aider les personnes atteintes de ces troubles. En 2021, le département de la Seine-Saint-Denis a lancé une expérimentation dans dix de ses collèges en équipant chacun de cinq lampes Lexilight. La même année à Mayotte, lors d’une opération publique en présence du recteur, environ 300 élèves dyslexiques de CM1 ont reçu et testé des lunettes Lexilens. La Chambre de Métiers et de l’Artisanat d’Île-de-France prévoit, elle, de fournir les lunettes d’Atol à 60 apprentis du Val-d’Oise en 2025, avec l’objectif d’étendre le dispositif à 255 apprentis dyslexiques. Le tout avec le soutien de la région Ile-de-France et de la Caisse d’Epargne. « Il s’agit d’argent public visiblement investi sans que les financeurs – comme les conseils généraux, qui ont sans doute l’impression de bien faire – aient pris la peine de recueillir des avis scientifiques indépendants », regrette Franck Ramus. » …

 

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