Clément Hélias, le jeune dyslexique qui parle au Président de la République
Vous n’avez pas pu le manquer ! Clément Hélias est le jeune homme qui a interpellé le Président de la République le 7 Février à Étang sur Arroux lors de la rencontre d’Emmanuel Macron avec les jeunes. Le jeune étudiant, en BTS Conception et Réalisation en Chaudronnerie Industrielle (qui fêtait ce jour-là ses 19 ans) était visiblement ému de parler de sa dyslexie, et du décès de son ami, devant la foule et le chef de l’état.
Nous avons joint Clément au lendemain de sa prestation. C’est grâce à un accompagnement adapté pendant sa scolarité qu’il est aujourd’hui un jeune homme épanoui.
Dès la classe de cours élémentaire, l’enseignant remarque les difficultés de ce jeune élève qui a des problèmes avec les apprentissages. Clément a du mal à lire, mais aussi à tenir en place. L’exercice de la lecture à voix haute devant les autres est pour lui délicat. « J’avais des difficultés pour lire. C’était des problèmes de stress, d’appréhension de la lecture et du regard des autres ».
« Ce n’était pas facile pour maman de penser que j’avais un handicap »
Tout a changé quand l’école a repéré les difficultés et que des solutions ont pu être mises en place : « C’est mon maître de CE1 qui a convoqué ma maman pour lui dire que j’avais des soucis de lecture. Elle s’est renseignée. Ce n’était pas facile pour elle de penser que j’avais un handicap, mais elle avait aussi remarqué que j’avais des difficultés. » Sa mère fait donc faire plusieurs tests à Clément et des solutions sont mises en place pour l’aider. Ce seront des séances d’orthophonie deux fois par semaine et un pupitre incliné pour lui faciliter la lecture. Il gardera ces aménagements jusqu’au Brevet des collèges.
A l’adolescence, il trouve que ces adaptations le stigmatisent trop : « Quand il fallait que je me balade dans la cour du collège avec mon pupitre qui dépassait de mon sac, les autres me regardait bizarrement. Je ne suis pas du genre à me laisser critiquer, mais j’ai préféré arrêter et trouver des palliatifs pour m’adapter »
A la fin du collège, Clément est admis en filière Générale, mais il préfère aller vers ce qui l’intéresse depuis toujours : la chaudronnerie. « C’est une passion depuis mon enfance. J’ai un voisin qui m’a appris à souder, il m’a offert un poste à souder quand j’avais 10 ans et je n’ai jamais arrêté » Clément a toujours un projet en tête et une idée pour l’avenir: « en ce moment, je suis dans un projet de finir un barbecue géant de 3m50 de long sur un châssis de remorque. Ça fait deux ans que je travaille dessus. » Clément n’a peur de rien et aime se lancer des défis. Il sait aussi qu’être devant ses outils et le métal est une nécessité pour lui : « J’ai besoin de me retrouver seul avec de la ‘ferraille’ pour m’exprimer».
C’est que Clément a du caractère ! Le sport a toujours été pour lui une seconde nature. Quand les enseignants trouvaient qu’il était trop agité, ils ont suggéré à sa mère qu’il arrête la natation et Clément a été privé temporairement de sport. Mauvaise idée ! « Les enseignants ont re-convoqué ma maman et lui ont dit -là, il ne tient plus sur une chaise !». Il a donc repris et même renforcé ses activités sportives. Ce sera pour lui une façon de regagner peu à peu confiance : « au fur et à mesure j’arrivais à lire à voix haute devant toute la classe sans avoir d’appréhension. Pareil pour les devoirs à la maison, je les faisais mieux après une à deux heures de sports ! »
Clément a été classé en natation et en triathlon au niveau national. Depuis qu’il est dans la filière de son choix, il s’épanouit. Il a même été désigné « Meilleur apprenti de France » et se rendra à la Sorbonne le 27 février 2019 pour recevoir son prix. Il poursuit aujourd’hui son parcours en BTS, au Lycée Léon Blum du Creusot. Quand il revient sur son parcours scolaire il explique qu’il a été soutenu tout au long de sa scolarité par sa famille, par les enseignants et ses entraineurs, mais qu’il a rencontré d’autres jeunes dyslexiques qui n’ont pas eu cette chance. Quelques minutes après lui d’ailleurs, lors du débat avec le Président, une jeune fille viendra à son tour parler de sa dyslexie et dire la souffrance que cela a été pour elle.
Si Clément a encore quelques difficultés pour lire, il a gagné une belle assurance : « De nos jours, Il faut s’habituer à toutes les situations et donner toujours le meilleur de soi-même ».
Après son passage au grand débat, il a fait le tour des médias. Il a été invité sur le plateau de l’émission Quotidien sur TF1. Chez lui au Creusot, le journal local « Creusot Info » est fier de ce jeune qui défend la tradition industrielle de sa ville.
Sur sa page Facebook il a publié les photos de ses « exploits sportifs » et mis en exergue une citation qui dit le résume assez bien : « La douleur est éphémère mais la fierté est éternelle. ».Son prochain défi : « je me donne deux ans pour faire un Ironman »